Blog de l'AEC, Association des Économistes Catholiques
Depuis l'origine des régimes de retraite, le système dit « par répartition » a été opposé à celui dit « par capitalisation ». Dans le premier, les cotisations des actifs servent à payer les pensions des retraités. Dans le second, ces pensions sont payées en prélevant sur les sommes épargnées chaque mois par le bénéficiaire lorsqu'il était en activité.
La faillite des régimes actuels, basés essentiellement sur le principe de la répartition, est annoncée pour les années 2015 (date à laquelle il devrait y avoir 1,76 actif par retraité, au lieu de 2,24 actuellement ce chiffre devant même descendre à 1,0 en 2040). Sauf à baisser très sensiblement le taux de remplacement, qui est d'environ 0,70 actuellement (le taux de remplacement est le rapport entre les pensions versées annuellement à un retraité et son salaire annuel au moment de son départ à la retraite). Dans son livre, « L'État mensonger », Christian Saint-Étienne évalue à 500 milliards par an l'excès des sommes redistribuées aux retraités (sous forme de pensions de retraite ou de prestations maladie), compte tenu des cotisations versées par cette population. Ces 500 milliards, annuels feront défaut aux classes d'âge suivantes. Le libéral que je suis est, par ailleurs, choqué que l'âge de départ en retraite ne puisse être librement choisi par chacun, qu'il soit conducteur routier, fonctionnaire ou autre. |
Pour écarter les deux inconvénients précités (déséquilibre financier et caractère « dirigiste » de l’actuel régime de retraite), pourquoi serait-il impossible d'adopter un système de retraite mariant les principes de la répartition (pour le financement des retraites) et de la capitalisation (pour le calcul des pensions) ?
Le financement ne peut, en effet, que continuer à être assuré par répartition, pour la raison bien simple que pratiquement aucune provision n'a été constituée sur les cotisations versées jusqu’à ce jour. La totalité, ou presque, des pensions actuellement versées ne peut donc l'être que grâce à l'argent déposé par les cotisants. Passer du jour au lendemain, pour le financement, de la répartition à la capitalisation signifierait que toute une génération ne percevrait soit aucune pension (cas de ceux arrivés à l'âge de la retraite avant d'avoir pu cotiser au régime de capitalisation), soit une pension modeste (cas de ceux n'ayant pu cotiser au nouveau régime que pendant une partie de leur vie active).
Le mode de calcul peut, en revanche, être modifié. Actuellement, les pensions sont calculées en divisant les sommes versées sous forme de cotisations par le nombre de retraités. Alors qu'il faudrait calculer la pension annuelle de chaque retraité en divisant la somme des cotisations qu'il aura versées durant sa vie active par le nombre d'années lui restant statistiquement à vivre (son espérance de vie) au moment de son départ en retraite.
Ce système permettrait à chacun :
Son équilibre ne serait pas remis en question par l'évolution démographique, contrairement à ce qui se passe actuellement.
Il nous est conseillé par certains de compléter notre retraite en ajoutant un régime par capitalisation au régime actuel par répartition. C'est dans ce sens qu’une loi a été votée, permettant le développement des fonds de pension. Tout ceci tend à accréditer l'idée selon laquelle le développement des retraites par capitalisation permettrait de résoudre le problème posé par la faillite annoncée des régimes par répartition. Cette idée est évidemment un leurre ; le fait de cotiser à un régime par capitalisation, si j'en ai les moyens, ne changera rien au fait que mes cotisations au régime actuel m'auront été prélevées autoritairement et ne me seront que très partiellement restituées lorsque je serai à la retraite...