• Barthélemy Laurent

  • Cet article retrace et commente l’histoire du terme, ainsi que celle du concept, de « destination universelle des biens » dans la doctrine sociale de l’Eglise catholique. De saint Thomas d’Aquin à François.

    Cette histoire commence avec des expressions telles que « devoir de partage », « droit à l’usage » des biens terrestres, « commune utilité », en passant par la « fonction sociale de la propriété » (voire « l’hypothèque sociale ») et la « commune destination des biens ». Elle aboutit au XXème siècle à la formulation «destination universelle des biens», apparue « officiellement » dans Gaudium & Spes (1965) et stabilisée seulement depuis Jean-Paul II (Centesimus Annus, 1991). La terminologie comme le sens de l’expression ont évolué de façon impressionnante. Quand bien même la notion centrale reste globalement inchangée : la propriété privée est légitime et naturelle, mais les choses que Dieu a créées sur la terre ne sont pas réservées à quelques hommes, elles sont destinées à être utilisées par tous, pour disposer des conditions nécessaires pour faire ce que Dieu attend de nous, à savoir coopérer à notre salut comme le dit avec force saint Ignace de Loyola dans le Principe et Fondement de ses Exercices spirituels (« pour s’élever à l’accomplissement de nos devoirs moraux » dira plus tard Pie XII). En effet le bien commun temporel, garanti en principe par l’Etat, est subordonné au bien commun spirituel, selon la loi divine.

    Les références détaillées des différentes sources figurent en fin d’article.

     

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    Nous allons tenter de comparer ce qu’est l’intelligence humaine, telle que la décrit la psychologie thomiste, avec ce qu’on appelle par convention « intelligence artificielle ».

    "Intelligence" artificielle,vraiment? une analyse inspirée par saint Thomas d'Aquin

    Ce qu’il est convenu d’appeler « intelligence artificielle » (IA) est assurément un fait, une réalité qui nous accompagne maintenant à chaque minute de notre vie pour peu qu’on utilise un smartphone ou Internet, ou un GPS pour circuler en automobile. La question ici n’est pas d’analyser le fait, mais la manière dont on le nomme. Et de voir si le mot « intelligence » est approprié pour des machines. La réponse est moins évidente qu’il n’y paraît, car le fonctionnement de notre propre intelligence est loin d’être compris et de faire l’unanimité, et l'anthropomorphisme fait rage dans le monde de l'IA. Mais l’appellation révèle un vieux rêve de l’humanité : égaler Dieu en fabriquant des créatures à notre image[1].

     



    [1] Gen 1, 26 : « Puis Dieu dit: " Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, etc. »

     

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  • Le livre, souvent cité, d' Howard R. Bowen "Social Responsibilities of the Businessman" (1953) a été publié par cet universitaire à l'instigation du Federal Council of the Churches of Christ in America, avec l'aide financière de la Fondation Rockefeller. Il apporte une vision protestante (évangélique en l'occurrence) et nord-américaine du rôle social de l'entreprise, qui présente encore un intérêt aujourd'hui, notamment pour la comparer à l'approche de la Doctrine sociale de l'Eglise catholique. DSE que Bowen expose brièvement à sa façon dans un des chapitres. On notera que Bowen, de façon très significative et réaliste, s'adresse à des personnes et non à des institutions; il parle de la responsabilité du Businessman, pas de celle de l'entreprise. Mais dans les deux cas, c'est du rôle social de l'entreprise qu'il s'agit. Depuis, Archie Carroll, Michaël Porter ou des mouvements comme Business Roundtable, B Corp, Just Capital etc. ont pris le relais (aux USA), mais les observations de Bowen restent en grande partie pertinentes, dans une Amérique qui a évidemment beaucoup changé.

    Je reprends ici un article publié en septembre sur mon blog: http://www.hyperionlbc.com/blog-hyperionlbc/howard-bowen-corporate-social-responsibilities-of-the-businessman1953-version-courte-pour-lecteurs-presses/

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  • Le distributisme ou la 3ème voie

    En ce temps troublés, l’économie française titube sous le choc du (premier) confinement sanitaire et la finance spéculative a déserté l’arène économique à la première alerte. L’article précédent (DSE et libéralisme, un ralliement de trop ?) se proposait de montrer que le libéralisme économique a prouvé définitivement son impuissance à animer durablement une économie saine, robuste et stable, et qui ne soit pas asservie à la finance spéculative. Il ne paraît pas inutile, avant de proposer dans un dernier article un cadre de réflexion basé sur la DSE (doctrine sociale de l’Eglise catholique) pour sortir de l’ornière, de passer un peu de temps sur ce qu’on appelle le Distributisme. Le distributisme est une troisième voie socio-économique, radicalement différente du capitalisme libéral et du collectivisme (et de leur aboutissement naturel, l’Etat servile décrit par Hilaire Belloc, comme on le verra). En fait, pour paraphraser Chesterton, c’est un capitalisme où suffisamment de gens sont capitalistes, alors que dans le capitalisme accapareur, cumulatif et dominateur que nous vivons, il y a trop peu de capitalistes. Pourquoi cette voie, définie au siècle dernier par des Britanniques sur la base de l'encyclique Rerum Novarum de Léon XIII et de Quadragesimo Anno de Pie XI,  a-t-elle connu si peu de retentissement ? Et en particulier en France?

     

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  • DSE et libéralisme économique: un Ralliement de trop?

     

    L’épidémie de coronarivus a déclenché une nouvelle crise mondiale, sanitaire, sociale et économique, venant s’ajouter à une série déjà très longue de crises économiques. Cette crise agit comme un révélateur décapant de nos valeurs et de notre mode de vie, et fait tomber des illusions. Le système mondial basé sur un pseudo-libéralisme, notamment économique, non seulement se montre d’une grande fragilité, mais surtout définitivement incapable d’assurer le bien commun et la justice sociale, dans leur dimension matérielle (c’est tout ce qu’on lui demande). Il semble donc quasi-impossible après tout cela de concilier les enseignements de la DSE (Doctrine sociale de l’Eglise catholique) avec cette forme d’économie, comme c’était le cas du temps de Léon XIII. Cet article explique pourquoi.

    Un second article passera en revue les alternatives possibles, en conformité toujours avec la DSE.

    Le présent article sert également de conclusion à ma série sur le capitalisme, sur ce site AEC : « Le christianisme est-il à l’origine du capitalisme ? » d’ août 2017 à  novembre 2017) :

    1.       De quoi parle-t-on

    2.       Les facteurs d'émergence du capitalisme industriel en Europe- quelques jalons

    3.       Universalité potentielle du capitalisme - le cas de la Chine et du Japon

    4.       Que dit la Doctrine sociale de l'Eglise?

    5.       Que disent les anti-capitalistes ?

    6.       La question des corporations de métiers

     

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