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    MANIFESTE[1] DE

    L’ASSOCIATION DES ÉCONOMISTES CATHOLIQUES (AEC)[2]

     Les adhérents de l’AEC (Association des Économistes catholiques) affirment leur accord avec les principes suivants :

    • Ils entendent rester fidèles aux enseignements du Magistère de l’Église Catholique et du Pape en particulier, notamment dans le domaine de la Doctrine sociale de l’Église.

    • Ils reconnaissent, avec le Concile Vatican II (GS[3] § 36-2) « la juste autonomie des réalités terrestres » au sens où “ « les choses créées et les sociétés elles-mêmes ont leurs lois et leurs valeurs propres que l’homme doit peu à peu apprendre à connaître, à utiliser et à organiser ». La science économique rentre dans cette perspective et peut ainsi éclairer le jugement éthique que l’Église et les hommes doivent porter sur la société de ce temps. En effet, si la « doctrine sociale de l’Église éclaire d’une lumière qui ne change pas les problèmes toujours nouveaux qui surgissent » (CIV[4] § 12), les économistes doivent pouvoir étudier, dans cet esprit de fidélité à la doctrine de l’Église, en toute liberté, les questions économiques et sociales et proposer des solutions dans le domaine scientifique qui est le leur.

    • Ils entendent ainsi mettre leurs connaissances des réalités économiques au service de la personne humaine et de sa « dignité incomparable » puisque le guide de toute la doctrine sociale de l’Église, « c’est la juste conception de la personne humaine, de sa valeur unique » (CA[5], § 11). Le but de toute activité est de permettre le « développement intégral » (PP[6] 6) de la personne, dans toutes ses dimensions, matérielles et spirituelles, puisque « tout est lié[7]» (LS § 16), selon l’expression du pape François.

    • Ils rappellent, avec Jean-Paul II, que « l’erreur fondamentale du « socialisme » est de caractère anthropologique » (CA § 13) et que l’échec du « socialisme réel » vient « de la violation des droits humains à l’initiative, à la propriété et à la liberté dans le domaine économique » (CA § 24).

    • Ils considèrent que « l’économie d’entreprise » ou « l’économie de marché » ou « simplement l’économie libre » est la seule capable de respecter la dignité et la créativité de la personne. Cette économie doit être entendue, comme un « système économique qui reconnaît le rôle fondamental et positif de l’entreprise, du marché, de la propriété privée et de la responsabilité qu’elle implique dans les moyens de production, de la libre créativité humaine dans le secteur économique » (CA § 42).

    • Ils savent, que si « l’Église n’a pas de modèle à proposer », sa doctrine sociale, « reconnaît le caractère positif du marché et de l’entreprise », et « souligne en même temps la nécessité de leur orientation vers le bien commun » (CA § 43). Celui-ci représente « l’ensemble des conditions sociales permettant à la personne d’atteindre mieux et plus facilement son plein épanouissement » (MM[8] 65). Là encore, les économistes ont leur mot à dire pour rechercher quelles sont ces « conditions sociales ». En outre, « le message social de l’Évangile ne doit pas être considéré comme une théorie, mais avant tout comme un fondement et une motivation de l’action » (CA § 57).

    • Ils admettent pleinement « le lien constitutif de la liberté humaine avec la vérité » (CA § 4) : la liberté, y compris dans le domaine économique et social, ne doit pas s’éloigner de la vérité de l’homme, puisque « la vérité vous rendra libre » (Jean 8-32). Pour cela, « l’économie libre » implique un état de droit qui respecte les droits fondamentaux de la personne, une éthique qui doit sous-tendre toutes les décisions humaines et des institutions conformes au droit naturel. Ces dernières, qui doivent respecter le principe de subsidiarité, « expression de l’inaliénable liberté humaine » (CIV § 57), et favoriser la responsabilité, doivent aussi écarter les « structures de péché » (SRS[9] 36) qui provoquent une déperdition des forces humaines et des comportements humainement inacceptables.

    • Ils insistent sur l’importance de la dimension personnelle de l’homme (« personnalité de l’individu ») (CA § 13) et sur sa dimension communautaire (« personnalité de la société ») , puisque le « caractère social de l’homme ne s’épuise pas dans l’État, mais il se réalise dans divers groupes intermédiaires, de la famille aux groupes économiques, sociaux, politiques et culturels qui, découlant de la même nature humaine, ont – toujours à l’intérieur du bien commun – leur autonomie propre » ( CA § 13). C’est ce qui a conduit Benoit XVI à souligner l’importance de la société civile (familles, associations, …), reposant sur le don et la gratuité, à côté de la société économique (reposant sur le contrat) et de la société politique (reposant sur des lois justes) (CIV § 37).

    • Ils reconnaissent « qu’il y a un certain dû à l’homme parce qu’il est homme » (CA§ 34), quel qu’il soit, ce qui implique de lutter pour la défense des plus fragiles, de l’enfant à naître à la personne en fin de vie, en passant par les « exclus » (LS § 22), dont le mépris résulte d’une « culture du déchet », selon l’expression de François. Or, « pour dépasser la mentalité individualiste répandue aujourd’hui, il faut un engagement concret de solidarité et de charité qui commence à l’intérieur de la famille » (CA § 49), pour s’étendre peu à peu d’une communauté à l’autre. En outre, « contre ce qu’on appelle la culture de la mort, la famille constitue le lieu de la culture de la vie » (CA § 39). Tout ceci souligne l’importance « des politiques qui promeuvent le caractère central et l’intégrité de la famille « (CIV § 44) et donc des politiques familiales, car la famille joue un rôle économique et social indispensable.

    • Ils soulignent que les principales critiques que l’on peut adresser aux sociétés actuelles, face à certaines dérives, à commencer par le matérialisme ambiant qui prive l’homme de ses dimensions essentielles, « s’adressent moins à un système économique qu’à un système éthique et culturel » (CA § 39). En effet, des instruments, bons en eux-mêmes, peuvent être transformés en instruments nuisibles. Mais « ce n’est pas l’instrument qui doit être mis en cause mais l’homme, sa conscience morale et sa responsabilité personnelle et sociale » (CIV § 36).

    • Ils ont le souci du « développement intégral » qui débouche sur celui de « l’écologie intégrale » (LS § 62) qui accorde une place centrale à « l’écologie humaine » (CIV § 5) (respect de l’homme et de sa vie) aux côtés de l’écologie naturelle. On ne peut défendre la nature sans défendre l’homme lui-même, et réciproquement. En matière de gestion de l’environnement naturel et des ressources rares, les économistes peuvent contribuer aux débats actuels entre écologie politique et écologie de marché, cette dernière étant, pour eux, plus respectueuse de la liberté et de la responsabilité humaines.

    • Enfin, ils affirment que, seule, une société de libertés économiques, et donc de créativité, peut permettre à l’homme de développer, dans la dignité, toutes les richesses des multiples dimensions de la liberté humaine et de répondre ainsi à sa vocation, puisque « l’homme est l’image de Dieu notamment par le mandat qu’il a reçu de son Créateur de soumettre, de dominer la terre. En accomplissant ce mandat, l’homme, tout être humain, reflète l’action même du Créateur de l’univers » (LE[10] 4-2). En même temps, une telle société responsable doit aussi permettre à l’homme de « sauvegarder la Création » (LS § 211), afin de tenir compte des « générations futures » (LS § 159), comme nous le demande le pape François.

     

    [1] Une première version de ce manifeste a été adoptée lors de la création de l’AEC en 2000. Cette version a été actualisée en 2019, pour tenir compte de l’apport des successeurs de saint Jean- Paul II, Benoît XVI et François.

    [2] Association des Économistes Catholiques (AEC) - Association Loi 1901, créée en mai 2000.

    Siège social : 111 rue Cambronne, 75015 Paris – Blog : Qu'est l'AEC ?

    Bureau en 2022 : Pierre de LAUZUN (Président)- Jacques BICHOT (Vice-Président) - Jean-Didier LECAILLON (Vice-Président) - Hervé MAGNOULOUX (Secrétaire général) – Didier MARÉCHAL (Trésorier). – Jean-Yves NAUDET (Président d’honneur), Guido HÜLSMANN, Gabriel de LONGEAUX, Étienne CHAUMETON 

    [3] GS : Vatican II, Gaudium et spes

    [4] CIV : Benoît XVI, Caritas in veritate

    [5] CA : Jean-Paul II, Centesimus annus

    [6] PP : Paul VI, Populorum progressio

    [7] LS : François, Laudato si’

    [8] MM : Jean XXIII, Mater et magistra

    [9] SRS : Jean-Paul II, Soillicitudo rei socialis.

    [10] LE : Jean-Paul II, Laborem exercens.