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Blog de l'AEC, Association des Économistes Catholiques

Changement d'heure, biens communs, Bien commun

Changement d'heure, biens communs, Bien commun

 

1/ Le temps fait-il partie des biens communs ?

Nous pouvons avoir l’impression de dominer le temps en le modifiant ; alors qu’il continue de s’écouler inexorablement à un rythme sur lequel nous n’avons en réalité aucune prise. On peut cependant se demander si le temps fait partie des biens communs dont on parle beaucoup actuellement. Après tout, c’est une ressource (non-renouvelable et non-stockable) que le Créateur a mis à notre disposition (avant tout pour assurer librement notre salut ; privilège dont les anges sont dépourvus) ; comme l’espace, la terre, les matières premières…

Une définition parmi d’autres des biens communs est la suivante, dans : Jean Gadrey, Alternatives économiques, 24/04/2012 , http://alternatives-economiques.fr/blogs  )

«Les biens communs désignent des qualités de ressources ou patrimoines collectifs pour la vie et les activités humaines (des biens communs naturels par exemple) ou des «qualités sociétales» (l’égalité des femmes et des hommes dans de nombreux domaines, la sécurité professionnelle des travailleurs[…] Pour les qualifier comme biens communs, il faut un jugement commun d’utilité collective selon lequel tous, par principe, devraient avoir la possibilité d’en bénéficier ou d’y accéder. Il y a de l’intérêt général dans ce jugement, de l’utilité sociale ou sociétale […] ». Les logiciels libres par exemple font partie des biens communs.

On distingue les biens communs des biens publics, qui peuvent en constituer une sous-catégorie. Comme les «communs» des temps passés.

Si l’on entre dans cette logique des «biens communs» et de leur gouvernance, il paraît clair que le temps est un bien commun. On peut observer qu’il est traité comme tel, puisque les collectivités à différents niveaux (au moins jusqu’à l’Union européenne) cherchent à harmoniser notre relation au temps. Les horloges atomiques ont remplacé l’Angélus.

Pour l’anecdote, rappelons que c’est en réfléchissant sur des brevets de synchronisation des horloges publiques qu’Einstein aboutit à la théorie de la relativité restreinte. A l’époque il travaillait à l’Office des Brevets de Berne, plus exactement au «Bureau fédéral de la propriété intellectuelle». Plus tard, il ravala le temps à une quatrième dimension de l’espace, formant avec les coordonnées spatiales une métrique de l’espace-temps selon les lignes plus ou moins déformées duquel se meuvent les corps et les interactions.

2/ Le changement d’heure sert-il le Bien commun ?

Cette fois, on parle du bien commun au sens de la Doctrine sociale de l’Eglise (DSE). Si l’on s’en tient à la définition de Jean XXIII , dans Pacem in Terris 53 : «Le bien commun embrasse l’ensemble des conditions de vie en société qui permettent à l'homme d'atteindre sa perfection propre de façon plus complète et plus aisée.» (citant en fait Mater & Magistra).

Le temps est nécessairement un bien pour l’homme, puisque Dieu a placé l’homme dans la trame du temps. La question n’est donc pas de savoir si le temps contribue au bien commun, mais si la façon dont collectivement nous le gérons va dans le sens du bien commun. Là encore, il semble bien que la gestion collective du temps par le changement d’heure aille dans le sens du bien commun, que ce soit en ménageant du temps en fin de journée pour profiter de la lumière du jour (le fait-on vraiment, c’est une autre histoire) ou en cherchant à faire des économies d’énergie et de ressources rares.

On souligne souvent les désagréments (ou les inconvénients) liés au changement d’heure : impression de « perdre une heure de sommeil », troubles plus ou moins importants et durables dus au décalage horaire persistant même si faible, accidents supplémentaires liés à l’inattention engendrée par ces troubles etc. Il faut se poser la question de savoir si nous ne sommes pas prêts à sacrifier une ou plusieurs heures de sommeil, de façon ponctuelle ou permanente, pour de toutes autres raisons. C’est donc davantage la question de la liberté individuelle contrainte par une discipline collective, qui est en jeu.

On notera que l’Etat qui est en charge de créer les conditions du bien commun, joue ici au sens propre son rôle de «Maître des horloges» au sens que lui donna Philippe Delmas dans son ouvrage de 1991 (Editions Odile Jacob). Même si le temps appartient à Dieu et non à l’Etat.

On peut conclure au vu de la définition du bien commun rappelée plus haut, que la gestion collective du temps est bien un facteur contribuant au bien commun, et qu’il semble que la pratique actuelle aille dans ce sens. Notons que les Romains calaient la journée sur le lever du soleil et la « Septima hora » suivant midi. Ils n’avaient donc pas à se poser la question du changement d’heure, puisqu’elle changeait sans arrêt (la durée de l’heure n’était pas constante). Ils n’avaient pas non plus les moyens de mesure ni les réseaux de communications, permettant de se poser ce genre de question.

                La question finale – et qui est à la racine de la notion de bien commun-  reste du ressort de chacun et des bibliothèques spirituelles : le temps nous étant donné par Dieu pour faire notre salut, comment utiliser au mieux le supplément de bien commun apporté par le changement d’heure ?

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