• J. Bichot : "Ce qui est lamentable dans l'affaire Fillon"

    Article de Jacques Bichot, publié dans Politique-Matin (Paroles Libres) le 04.02.2017.

    Je ne suis pas particulièrement tendre envers François Fillon s’agissant de son projet. Notamment, j’ai sévèrement critiqué son approche floue et peu ambitieuse de la réforme de nos retraites par répartition. Mais la mise à mort médiatique, avec la complicité de membres de l’institution judiciaire, de ce candidat à la présidence de la République, est un signe trop éloquent de l’abaissement actuel du niveau de la réflexion et de l’action politique pour qu’il soit concevable de ne pas réagir.

    On reproche à François Fillon d’avoir fait rémunérer son épouse en tant qu’assistante parlementaire. Passons sur le fait qu’il semble que, antérieurement à 2012, les sommes non utilisées du crédit ouvert à chaque député par l’Assemblée nationale dans le but de rémunérer éventuellement des assistants parlementaires étaient versées au député : si cela est exact, le ménage Fillon n’a rien reçu de plus, Madame ayant simplement perçu des sommes qui, sans son embauche comme assistante parlementaire, auraient abouti sur le compte en banque de son époux. Son seul avantage serait d’avoir ainsi acquis des droits à pension, ce qui en bonne justice est tout à fait normal pour une mère de famille, femme d’un homme politique sans cesse sur la brèche, qui s’est fixé comme objectif d’épauler son mari en étant disponible au maximum.

    Donc, il est peu probable qu’il y ait moralement quoi que ce soit à reprocher au ménage Fillon. Mais supposons un instant que le dit ménage ait arrondi son budget d’un ou deux millions d’euros, sur une vingtaine d’années, de façon légalement discutable : serait-ce une raison pour priver la France d’un candidat que des millions de Français ont estimé être l’un des meilleurs, ou des moins mauvais ? Puisque tout tourne autour du fric, rappelons que l’organisation de la primaire au terme de laquelle François Fillon a été désigné candidat de la droite a coûté beaucoup plus cher que le malheureux million qui lui est reproché. Les responsables du lynchage juridico-médiatique, si leur action remet en question le résultat de cette primaire, auront donc volé au peuple français beaucoup plus que leur victime !

    Regardons maintenant les vrais enjeux. Quand le patron d’une société du CAC 40 se fait augmenter ses émoluments de 100 000 € par an, ce qui est pour lui une vétille ne correspondant à aucun supplément de travail vérifiable, comment raisonnent les actionnaires ? Ils se disent « voilà un homme dont les décisions ont des conséquences qui se chiffrent en dizaines ou centaines de millions d’euros, et en milliers d’emplois, qu’est-ce que ça peut bien faire de lui donner en dix ans un million d’euros supplémentaire ? Certes, nous admirerions qu’il soit désintéressé, mais enfin ce n’est pas cela le vrai problème, nous avons besoin d’un manager de haut vol, pas d’un petit frère des pauvres ».

    Il en va de même pour la France. Sully, Mazarin, Richelieu, Colbert, se sont enrichis sur le dos du contribuable. Mais quelle importance si, en contrepartie, ils ont mille fois plus enrichi le peuple de France ? Un Président de la République n’est pas un Pape. On ne le choisit pas parce qu’il est vertueux, mais parce qu’il saura défendre les intérêts de notre patrie face à des personnages aussi puissants et rusés que Trump ou Poutine ou Xi Jinping ou Narendra Modi. Alors, ne tombons pas tête baissée dans le filet tendu par des hypocrites qui se font passer pour des aficionados de la vertu alors que leur objectif est uniquement d’empêcher le déroulement d’un processus démocratique !

    À cet égard, la réaction de nombreux Français, à en croire les sondages, et celle de nombreux « amis » de Fillon, à en croire les médias, est inquiétante. Ils n’ont, pour les premiers, pas d’échelle des valeurs et des enjeux, ni de sens critique à l’égard des manipulations médiatiques. Quant aux seconds, ils n’ont pas le moindre sens stratégique : au lieu de faire bloc autour de leur leader, ils s’éparpillent comme une volée de moineaux effarouchés.

    Pauvre France !

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