Blog de l'AEC, Association des Économistes Catholiques
Au fait : pourquoi «occidentales» dans le titre ? Parce que la RSE traite de la place et de l’influence de l’entreprise dans la société, et la vision japonaise ou indienne de l’entreprise ou de la société n’est pas la même que la vision occidentale, même si à tort ou à raison celle-ci a largement influencé le reste du monde. La RSE est avant tout un produit (ou un contre-poison) du capitalisme libéral financier.
Wikipedia_commons : embouchure de l’Amazonie
Qu’est-ce que la RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise) ?
Selon le Livre vert RSE de l’Union Européenne (2001 légèrement reformulé en 2011) il s’agit d’un «concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire.»
Selon la recommandation ISO 26 000: c’est la «responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement transparent et éthique qui :
- contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société,
- prend en compte les attentes des parties prenantes,
- respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes internationales,
- est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations.»
L’ISO 26 000 aborde la question de la RSE selon sept axes principaux :
- la gouvernance de la structure
- les droits de l’humain
- les conditions et relations de travail
- la responsabilité environnementale
- la loyauté des pratiques
- les questions relatives au consommateur et à la protection du consommateur
- les communautés et le développement local.
Quant à l’investisseur socialement responsable (ISR), il investit par définition dans des entreprises ayant des pratiques et des ambitions RSE (triple bottom line), en général en se référant à des critères d’évaluation ESG (environnemental- sociétal- gouvernance).
On discerne d’entrée de jeu les clivages qui traversent les différentes approches de la RSE :
- déontologie et conformité à des standards (par exemple aux attentes du développement durable et à des normes qui se veulent universelles), dans une démarche de progrès continu ;
- responsabilité et valeurs, avec la notion d’entreprise responsable sur une base volontaire et selon des critères qui ne sont pas nécessairement universels et explicites ;
- utilitarisme et conséquentialisme (évaluer ses comportements et ses actes en fonction des conséquences).
Les trois éclairages ne s’excluent pas mutuellement, mais selon les approches l’un prévaut sur les deux autres.
Mercure, messager des dieux, dieu du commerce (© musée Vivant Denon de Chalon sur Saône)
1/ La source «Développement durable» (DD)
L’idée selon laquelle nous avons des devoirs vis-à-vis des générations futures est tout sauf nouvelle ; de même que celle selon laquelle nous héritons d’une Terre occupée et travaillée, pour le meilleur et pour le pire, par les générations qui nous ont précédés. Le lien entre les deux s’appelle la Tradition (tradere = transmettre). Il suffit pour s’en convaincre de contempler un paysage, dont pas un mètre carré n’a échappé au travail humain (haies, restanques etc.), ou bien des monuments ayant résisté aux outrages du temps. Aujourd’hui encore, éviter de faire peser (en vivant à crédit) sur la tête d’un nouveau-né, dès son premier souffle, un endettement qu’une vie entière ne suffira pas à éponger, reste une préoccupation majeure, sinon de nos gouvernants ou des puissances financières dont ils subissent l’influence croissante, du moins de la plupart d’entre nous. Mais cette notion de responsabilité envers les générations futures a été formalisée magistralement par Hans Jonas dans son «Principe Responsabilité », 1979, qui, soit dit en passant, voulait faire pièce au «Principe Espérance» d’Ernst Bloch (paru en RDA entre 1954 et 1959).
Le célèbre Rapport Bruntland 1987 reprend cette idée et commence à la transformer en action politique : «Le développement durable doit permettre de satisfaire aux besoins du présent sans remettre en cause la capacité des générations futures à satisfaire les leurs» (Gro Harlem Brundtland, rapport à l'Assemblée Générale des Nations Unies, 1987). Transposé dans le contexte de l'entreprise, le concept de développement durable se réfère à la façon dont celle-ci intègre les préoccupations environnementales, sociales/sociétales et économiques à ses valeurs, à sa culture, à sa stratégie et à ses activités par un comportement transparent et responsable. Noter que la notion de développement durable est lourde de présupposés : elle remplace la notion de progrès, désormais suspecte, par celle de développement, et estime que l’espèce humaine est capable d’organiser durablement son futur. On peut y voir aussi une réaction forte à l’inversion perverse du capitalisme financier, où l’argent va aux entreprises potentiellement rentables, qui stimulent l’appétit de consommation sans nécessairement satisfaire correctement les besoins fondamentaux.
De là, l’image des trois cercles harmonieusement intersécants. Un coup d’œil sur quatre représentations différentes du même concept montre, même sans être un expert en psychologie cognitive, comment elles peuvent nous influencer : les présupposés véhiculés par ces quatre schémas (et il y en a bien d’autres) ne sont pas du tout les mêmes ! Nous avons traité ce sujet plus en profondeur dans un autre article.
Il serait intéressant, au-delà des citations usuelles et rituelles de Jonas et Bruntland, de tenter de démêler l’écheveau des origines profondes de l’idéologie[1] du Développement durable (DD dans la suite) : deep ecology, partisans de la décroissance/frugalité heureuse, émules de Lovelock (mythe de Gaïa), mondialistes, opposants divers aux excès ravageurs du capitalisme mondialisé et ultralibéral, tenants d’une pratique traditionnelle multiséculaire et raisonnable de la relation de l’homme à la nature et à la société, partisans de la table rase faisant fi du passé et tournés pour 1000 ans vers un avenir radieux…D’autres ont mené cette analyse ardue, par exemple Mathieu Baudin dans «Le Développement durable, nouvelle idéologie du XXIème siècle ?», L’Harmattan 2009. Nous n’avons ni la place ni la compétence pour le faire ici. Une seule remarque : le nombre d’années nécessaire pour traduire de façon à peu près stable, après moult tâtonnements, «sustainable development» par «développement durable», comme la relative soudaineté de l’apparition massive et méthodique de ces deux mots, montrent que ce concept était tout sauf le prolongement naturel d’un courant de pensée européen et a fortiori français. Même si des Ellul, Charbonneau voire Rocard, avaient largement préparé le terrain.
Dans ce courant « Développement durable » alimentant puissamment la RSE, on mentionnera par exemple :
Toujours est-il que l’allégeance explicite de la recommandation RSE dominante, l’ISO 26 000, au Développement durable, authentifie de dernier comme une des sources principales de la RSE. Ce serait vrai également de la norme SA 8000, ainsi que des approches d’investissement ESG (environnement, social, gouvernance) issues de l’UNPRI (principes de l’ONU pour un investissement responsable).
Un lecteur fait remarquer qu'il est dommage de ne pas citer ici les 17 ODD (objectifs DD de l'ONU) de l'Agenda 2030 adoptés en 2015. Il a raison, omission réparée: http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/
A cette occasion les "3 P" (Peuple, Prospérité, Planète) sont devenus "5P" avec l'ajout de Paix & Partenariats.
2/La source "Business Ethics & Corporate Social Responsibility"
Remontons maintenant un peu le temps. De Bowen comme de Clausewitz, on peut dire : «Souvent cité, rarement lu, encore plus rarement compris»[1]. C’est un peu méchant mais pas faux. L’auteur de ces lignes a lu Clausewitz, ce qui n’est pas très utile pour cet article, mais reconnaît n’avoir jamais lu intégralement Bowen et ne pas avoir l’intention de le faire, car il est arrivé à la RSE par d’autres chemins…dont on parle plus loin : la «3ème source». Le keynésien Howard G. Bowen, lorsqu’il rédigea en 1953 «Social responsibilities of the businessman» , sur commande du très protestant Federal Council of the Churches of Christ in America et sur financement de la Fondation Rockefeller [2], n’avait sans doute pas en tête les trois cercles du Développement durable, et n’avait pas lu Jonas, et pour cause. En revanche il est plus que probable qu’il avait lu Max Weber : «L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme» (1904 et 1905). Un point important : toujours selon Acquier et Gond op. cit, la commande faite à Bowen s’intitulait: «L’éthique chrétienne et la vie économique».
La définition que donne Bowen de la RSE est très claire, et a visiblement influencé celle qu’en donnent aussi bien le Livre Vert de l’Union européenne que l’ISO 26 000 : «obligations… to pursue those policies, to make those decisions,or follow those actions which are desirable in terms of objectives and values of our society.»
Extrait du texte d’Acquier et Gond, AIMS 2005, cité en note 2
On notera que Bowen parlait de la responsabilité d’un être humain («the business(wo)man») et non d’une entité juridique (l’entreprise). La nuance est de taille, elle a à voir directement avec la notion même de responsabilité et celle de personne morale, et les fondements du droit (civil et pénal) que tout chef d’établissement connaît bien : les épées de Damoclès qui sont suspendues au-dessus de sa tête n’ont rien de virtuel et, même si l’entreprise est solvable, la responsabilité pénale des dirigeants est de plus en plus recherchée. Mais cette digression nous mènerait trop loin, à un moment où la responsabilité pénale des robots est à l’étude.
Le terme de RSE (responsabilité sociale/sociétale de l’entreprise) n’est pas autre chose que la traduction mot à mot de «CSR» (Corporate Social Responsibility). Avec la subtile nuance typiquement franco-française entre «social» et «sociétal», pour éviter que l’impact sur la société ne soit réduit au «dialogue social» monopolisé à une époque par les DRH (pardon, les responsables des richesses humaines). Au fait, devant qui et au nom de quoi l’entreprise est-elle invitée à se comporter de façon responsable (autrement dit à pouvoir rendre des comptes, à répondre des actes de ceux qui la composent) ? Il y a là toute une éthique (pour ne pas dire une morale) implicite, voire une politique (au sens de l’art d’organiser la Cité). Ce qui nous fait dire dans un autre article que la RSE n’est pas une éthique, mais qu’elle est compatible avec bien des éthiques différentes.
On citera parmi d’autres quelques auteurs anglo-saxons qui ont façonné la CSR avant ou surtout après Bowen :
3/ La théorie des Parties Prenantes, trame de la RSE
D’une certaine manière, la théorie des parties prenantes (autrement dit les entités influençant l’entreprise ou influencées par elle : salariés, clients, actionnaires, associés, fournisseurs, partenaires, voisins, communes, territoires, communautés, réseaux, ONG etc.) est sous-jacente aussi bien à l’idéologie du Développement durable qu’à la RSE au sens Bowen et anglo-saxon du terme. Elle structure l’ISO 26 000, la SA 8000 et pratiquement toutes les méthodologies RSE. Le nom le plus connu est celui de Freeman 1984, mais on peut également citer Mitroff 1983 ; Freeman et Gilbert 1988,1992; Carroll 1984; Goodpaster 1991; Wicks, Gilbert et Freeman, 1994; Mitchell, Agle et Wood 1997 etc. Le lecteur désireux d’approfondir les liens entre RSE et théorie des parties prenantes lira avec profit, par exemple :
Notons que, si la théorie des parties prenantes paraît relever de l’évidence en 2017, elle est récente et, une fois encore, d’obédience anglo-saxonne et plus précisément nord-américaine. Ce qui, sans verser dans un incompréhensible et primaire anti-américanisme, ne peut qu’inciter à la prendre au sérieux mais avec prudence, au vu des effets dévastateurs des crises financières et économiques à répétition qui ont pris leur essor de l’autre côté de l’Atlantique. La théorie des parties prenantes suppose une vision politique, juridique et économique de la société, tout à fait respectable et typiquement nord-américaine, basée sur des relations contractuelles ou pseudo-contractuelles, à l’intérieur de l’entreprise[4] ou à l’extérieur. D’autres visions sont tout à fait possibles et plausibles. Trois exemples :
Une autre manifestation de la prégnance de l’approche par les parties prenantes est le développement de la notion de matérialité en RSE, qui classe les enjeux (RSE) de l’entreprise de façon matricielle, en fonction de leur impact sur l’activité de l’entreprise et de leur impact sur les parties prenantes (ou sur les attentes des parties prenantes). Dans la droite ligne des méthodes d'analyse stratégique BCG, McKinsey et autres SWOR (strong, weak, opportunities, risks).
4/ La RSE, une religion avec trop de prêtres ?
Avant d’aborder la «3ème source de la RSE», qui est précisément celle de la DSE (doctrine sociale de l’Eglise catholique), et à titre de transition, on notera que la position de Michael Porter, pape de la stratégie d’entreprise nord-américaine s’il en fut, a considérablement évolué au fil du temps : son article «CSR, a religion with too many priests» , dans EBF (European Business Forum) Issue 15, automne 2003, a cédé la place à :
Peut-être Porter continue-t-il à trouver qu’il y a trop de gourous et de dogmes dans la RSE, voire de rituels, mais il n’en conteste pas le bien-fondé et l’a repeinte aux couleurs du portérisme (intrants, extrants, matrices et avantage concurrentiel, chaîne de la valeur etc.)
5/ La source "DSE (Doctrine sociale de l’Eglise catholique)" : une RSE avant l’heure
Remontons encore le temps (DD= fin du XXème siècle, CSR = milieu du XXème siècle). Qu’est-ce que la DSE ? C’est l’application de la vision du monde catholique, issue de l’Evangile, à la vie sociale notamment économique. En d’autres termes, la DSE relève de la théologie morale, c’est une éthique appliquée. Elle inclut l’enseignement direct de Jésus-Christ (par exemple «Recherchez le royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît», Mt 6,33 ; ou bien «Nul ne peut servir deux maîtres, Dieu et l’Argent», Mt 6,24), et l’enseignement de l’Eglise à travers les siècles. Le monachisme européen, bénédictin ou cistercien par exemple, et son influence sur la société en est une illustration (dans les domaines économique, social et environnemental ; on est donc en pleine RSE de facto). L’enseignement en question a constamment traité de questions contemporaines, comme l’écrit Benoît XVI dans Caritas in Veritate,12 : «La doctrine sociale de l’Eglise éclaire d’une lumière qui ne change pas les problèmes toujours nouveaux qui surgissent.» Elle l’a souvent fait en avance sur son temps :
Gildas Barbot dans «L’éclairage de la doctrine sociale de l’Église sur le concept de responsabilité sociale de l’entreprise»[5] arrive à la conclusion selon laquelle «on peut dire que la DSE depuis Léon XIII … a précédé la RSE et en a jeté des bases ».
Bournois et Bourion, dans «Repenser la RSE»[6] font la part belle au rôle précurseur de la DSE et des "patrons sociaux chrétiens", au sein d’une analyse universitaire qui dépasse largement l’approche catholique et n’a pas de raison particulière de la cautionner a priori. Ce qu’on appelle le «catholicisme social» a connu son apogée dans le domaine économique avec des Léon Harmel, Philibert Vrau, René de la Tour du Pin, etc. qui ont mis leurs convictions et la doctrine sociale de l’Eglise en pratique, du moins localement (ça se passait en plein affrontement entre la République et l’Eglise, dont on connaît l’issue sous Jules Ferry et en 1905). Ils font partie de ceux qui ont permis la fin du travail de nuit pour les femmes, la journée de dix heures seulement, le respect du repos dominical (évidemment), la création de sociétés de logements ouvriers, d’écoles pour les enfants des ouvriers, la création des premières caisses de chômage et de retraite…Notons qu’ils n'ont fait que ressusciter des pratiques des corporations médiévales. La tradition du catholicisme social s’est poursuivie, plus discrètement, jusqu’à un François Michelin, last but not least. Elle n’a certainement pas dit son dernier mot. Parallèlement, les «patrons sociaux» protestants n’ont pas manqué, même si la notion de doctrine n’a par définition pas de sens dans la sphère protestante.
Nombre d’auteurs ou de praticiens, d’Anselm Grün à Emmanuel Faber en passant par les moines de Saint-Wandrille ou de Ganagobie, ont transposé, en général avec bonheur mais dans certaines limites, la Règle de saint Benoît à la gouvernance et au management de l’entreprise.
Cloître de l’abbaye bénédictine Saint-Wandrille de Fontenelle (76)
Les piliers de la DSE sont pour l’essentiel les notions suivantes :
La DSE reprend la distinction fondamentale clarifiée par Aristote, entre chrématistique (l’art de s’enrichir toujours plus, vécu comme but principal de l’existence) et économie (qui est une éthique d’utilisation de ressources limitées pour satisfaire aux besoins nécessaires à une vie bonne et tournée vers le développement de la personne).
On peut donc affirmer que la responsabilité sociale de l’entreprise, selon la DSE, est d’agir librement selon les principes ci-dessus, dans le domaine qui la concerne. On notera que la réponse à ce genre de question allait de soi lorsque les entreprises étaient considérées comme des corps intermédiaires au service du bien commun, dans ce qui s'appelait la Chrétienté. Le rôle et la responsabilité sociale du groupe humain rassemblé par une activité économique (la notion d’entreprise n’existait pas) allaient de soi. La RSE ne serait-elle pas par hasard un palliatif à la disparition de la notion de corps intermédiaires et de corporations, organisée méthodiquement et irréversiblement par la Révolution française (lois d’Allarde et Le Chapelier)? Les lecteurs intéressés pourront se reporter à notre synthèse de la question dans http://www.aecfrance.fr/le-christianisme-est-il-a-l-origine-du-capitalisme-6-la-question-des-c-a132633966
Il est plaisant de signaler pour conclure ce paragraphe, qu’un expert de la DSE, Michaël Novak (+ 2017) a jugé utile de publier « The Catholic Ethics and the Spirit of Capitalism », Free Press, McMillan 1993, pour faire contrepoint– à juste titre et de façon tout aussi étayée- à l’ouvrage de Max Weber déjà cité. Il faut bien reconnaître qu’il n’a pas atteint la même notoriété. Novak avait entre autres inspiré Centesimus Annus de Jean-Paul II, selon une « tradition » par laquelle les papes consultent des praticiens du monde économique et cherchent à le comprendre avant de rédiger leurs encycliques sociales, selon l’heureuse formule de Benoît XVI citée plus haut.
Le lecteur désireux d’approfondir la doctrine sociale de l’Eglise catholique pourra se procurer le Compendium illustré ci-dessous (2005) ; la lecture des encycliques dites « sociales » est tout aussi instructive, quoique moins commode et plus laborieuse.
Synthèse : la RSE, carrefour des malentendus ou ultime bouée de sauvetage du capitalisme sauvage ?
- instrumentaux : Friedman emblème du libéralisme- ; Jensen auteur de la théorie de l’agence ; Porter & Kramer, Hart avec la théorie de la «ressource based firm» ;
- politique ;
- intégratif (Carroll et sa pyramide…) ;
- éthiques (Freeman et les parties prenantes, Développement durable, Bien commun, Droits de l’homme).
Nous en resterons cependant à notre trilogie, qui nous semble plus proche de la réalité perçue au quotidien 2017 quand on se penche sur les publications et les actions dans le domaine de la RSE. La classification de Garriga et Melè peut d’ailleurs se raccorder à celle que nous proposons.
La vision de la société et de l’entreprise au Japon ou en Inde n’est pas non plus vraiment congruente avec les approches occidentales que nous venons de survoler (même si l’empreinte morale du catholicisme donc de la DSE est devenue mondiale au fil du temps, comme, plus récemment, celle du capitalisme matérialiste et financier). Ces civilisations ont développé des capitalismes et des principes de RSE qui ne sont pas réductibles à ceux que nous avons décrits parce qu’ils s’inscrivent dans des systèmes sociétaux différents. Idem pour la finance islamique.
Brésil-Argentine : chutes d’Iguazu_ https://www.worldwaterfalldatabase.com/index.php
[1] Raymond Aron : «Penser la guerre, Clausewitz», NRF Gallimard
[2] On lira avec profit l’article d’Acquier et Gond, «Aux sources de la RSE, (re)lecture et analyse d’un ouvrage fondateur « Social Responsibilities of the businessman », 1953, Mines de Paris et Université de Toulouse, Angers 2005 : http://www.strategie-aims.com/events/conferences/9-xiveme-conference-de-l-aims/communications/716-aux-sources-de-la-responsabilite-sociale-de-lentreprise-re-lecture-et-analyse-dun-ouvrage-fondateur-social-responsibilities-of-the-businessman-dhoward-bowen-1953/download
[3] Milton Friedman, NYT Magazine, 13/09/1970 : «The Social Responsibility of Business is to Increase its Profits». «… in a free society… there is one and only one social responsibility of business – to use its ressources and engage in activities designed to increase its profits so long as it stays within the rules of the game, which is to say, engages in open and free competition without deception of fraud.» Juste avant Friedman qualifie la RSE (CSR) de « doctrine fondamentalement subversive», ce qui résume bien son article (la RSE débouche selon lui inéluctablement sur le collectivisme : les mécanismes politiques, et non les mécanismes du marché, déterminent alors l’allocation des ressources). A l’opposé, Drucker gourou du management des années 1980 à 2000, a toujours considéré que l’entreprise avait une responsabilité sociale inséparable de son obligation d’être profitable. Pour Drucker, la rentabilité est la première responsabilité de l’entreprise, mais certainement pas la seule.
[4] Voir notamment Donaldson et Dunfee « Toward a unified conception of business ethics : Integrative social contracts theory », Academy of Management Review 19(2), 1994
[5]Clersé, Université de Lille1 (2006 ?) :
[6] «Repenser la RSE», non daté : http://cbourion.free.fr/Articles%20sur%20site/Repenser%20la%20RSE.pdf
[7] D’après Segrestin & Hatchuel, « Refonder l’entreprise », Seuil, République des idées, 2012, le mot « entreprise » ne commence à désigner une entité, et non une activité ou une aventure, ou un contrat, que vers 1857 et, massivement, à la toute fin du XIXème siècle. Ce que corrobore Michel Drancourt dans ses « Leçons d’histoire sur l’Entreprise de l’Antiquité à nos jours », PUF, Major, 1998.
[8] Ruwe Ogien (+2017) ; par exemple dans : «L'Éthique aujourd'hui : maximalistes et minimalistes», Paris, Gallimard, 2007